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Miguasha : De l'eau à la terre (Le parc national de Miguasha)

La naissance du projet Miguasha

Au début du 20ème siècle, au Québec, être homme de science voulait souvent dire aussi être homme de Dieu.René Bureau préparant un poisson de MiguashaIcône de loupe(76 ko) Frères et abbés s’adonnaient à la botanique, à la chimie, à l’entomologie et mettaient sur pied les écoles et facultés d’enseignement des sciences naturelles qui allaient plus tard donner naissance aux premières universités québécoises. Parmi eux, les géologues et les paléontologues étaient plutôt rares, ce qui explique peut-être que personne dans l’élite académique du Québec ne semblait avoir conscience que des scientifiques venaient des États-Unis et de l’Europe pour prélever des collections de fossiles dans la falaise de Miguasha.

Les choses allaient changer en 1937. Cet été-là, deux prêtres géologues, le père Léo-Georges Morin, de l’Université de Montréal, et l’abbé J. W. Laverdière, de l’Université Laval à Québec, après avoir fait des relevés géologiques entre Rivière-du-Loup et Matane, continuent leur périple autour de la Gaspésie. Arrivés à l’entrée de la Baie-des-Chaleurs, leur curiosité est fortement attirée par une petite affiche "Fossils for sale" le long de la route. Intrigués, ils débarquent alors chez les Plourde et sont, de toute évidence, les premiers Québécois francophones à acheter, pour 2.50$, quelques spécimens.

René Bureau, 1937Icône de loupe(72 ko)Faisant une enquête sommaire, ils saisissent rapidement l’importance scientifique du site fossilifère qui se trouve dans la falaise. De la bouche des gens locaux, ils apprennent que des chercheurs étrangers viennent, presqu’à chaque année, récolter des spécimens dans les dépôts sédimentaires. Avec un peu de chance, ils auraient croisé Graham-Smith et Westoll, deux Anglais qui venaient à peine de repartir avec quelques caisses de spécimens.

Dès leur retour à Québec, les deux religieux alertent le ministère québécois des Mines et des Pêcheries de l’époque et réussissent à obtenir un petit budget pour que le ministère envoie une première mission québécoise sur le terrain. C’est ainsi qu’un jeune géologue autodidacte, nouvellement embauché, du nom de René Bureau, est alors mandaté pour se rendre à Miguasha afin de monter une collection de fossiles.

René BureauIcône de loupe(64 ko)Solidement assisté d’Euclide Plourde, René Bureau passe une bonne partie du mois d’octobre 1937 à fouiller. Il réussit à remplir plusieurs caisses de fossiles qu’il expédie au ministère des Mines, à Québec. Quelques années plus tard, ces fossiles seront légués au musée de géologie de l’Université Laval, au même moment où monsieur Bureau devenait conservateur adjoint de ce musée.

Dès la fin des années 1930, René Bureau tente d’alerter les instances gouvernementales face au "pillage" de fossiles qui continuait en Gaspésie et éveille la communauté scientifique sur l’importance des trésors qui dorment dans ces falaises. Toutes ses démarches demeurent vaines pendant de nombreuses années. Pour René Bureau, la protection du site de Miguasha allait être une histoire de patience et d’entêtement.

Avec les années 1960, le "Projet Miguasha", comme il l’appelait, revient dans l’actualité. Le projet propose de nationaliser une partie de la falaise pour en faire une aire de préservation, empêchant la collecte indue des fossiles, et d’ériger un petit musée pour la mise en valeur du site.

Au tournant des années 1970, le projet commence à se concrétiser. Les gouvernements démontrent des signes d’un intérêt certain, devant certaines rumeurs tenaces sur l’intérêt de spéculateurs américains à propos des terrains bordant la falaise de Miguasha. Réalisant l’importance du site, le gouvernement du Québec achète en 1972 une série de terrains situés entre le chemin public et la falaise où affleure la Formation d’Escuminac.

Le gouvernement du Québec accorde, en 1976, le mandat à l’Université du Québec à Rimouski, de constituer la première équipe sur le terrain, d’entreprendre les fouilles et de jeter les bases d’un musée. En 1977, le chef d’équipe a pour nom Marius Arsenault, un Gaspésien fraîchement formé en paléontologie, qui assurera la direction du site et du parc pendant plus de 25 ans.

En juin 1978, le musée accueillit ses premiers visiteurs, intrigués par ces spécimens fossiles, alors que du côté conservation, les fouilles, les travaux de laboratoire et la constitution d’une collection nationale québécoise se font désormais sur le site. En 1985, le site et son musée deviennent un parc de conservation, renforçant ainsi la protection du site pour les générations actuelles et futures.

René Bureau : 1941

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René Bureau avec sa femme en voyage de Noce en 1941 sur la falaise de Miguasha en train de faire des fouilles.

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Interview avec René Bureau

Description de l’image
René Bureau est assis près de la falaise et il est accompagné d’un journaliste.

Journaliste
Le site de Miguasha fait l’objet d’une exploitation depuis de nombreuses années par les étrangers. À partir de quand le gouvernement du Québec a-t-il manifesté son intention de protéger le site et de l’exploité ?

René Bureau
C’est à partir de 1937. Alors que le service des mines, une division du ministère des mines et des pêcheries, à ce moment-là allait charger l’Abbé Laverdière, directeur de l’Institut de géologie de Laval et le Père Morin, qui était le directeur de l’Institut de géologie de l’Université de Montréal, de faire un relevé géologique dans la région entre Rivière-du-Loup et Matane. À la fin de la saison, ils ont voulu prendre une petite vacance et ils ont fait le tour de la Gaspésie. Un voyage qu’ils n’avaient jamais fait. En arrivant dans la région de Miguasha, ils ont vu au long de la route une enseigne qui indiquait qu’il y avait des fossiles à vendre. Ils se sont arrêtés où un cultivateur se trouvait être, heureusement M. Plourde. Ils ont acheté quelques fossiles et ils ont appris à ce moment-là que durant l’été des Anglais d’Angleterre étaient venus ici et avaient faits une récolte abondante de fossiles.

Alors, les deux étaient surpris et choqués d’entendre ça. Ils ont réalisé que nos fossiles s’en allaient sous d’autres cieux et qu’ici, au Québec, on était totalement dépourvu de ce type de fossiles.

Heureusement et continuant leur périple, ils sont arrêtés à New Richmond où ils ont rencontré Monsieur L.A. Richard qui était, à ce moment-là, sous-ministre des mines et des pêcheries et lui ont parlé de la chose. À son retour à Québec, M. Richard, à son tour, a rencontré l’honorable Onésime Gagnon qui était ministre des mines et député de Matane sous le gouvernement Duplessis. Ils ont parlé de la chose. Ils ont convoqué le directeur, M. Dufresne et ils m’ont demandé, ensuite, d’assister à leur séance d’information et là ils m’ont chargé de venir ici faire une collection de fossiles pour le compte du service des mines du Québec.

C’est comme ça que cela a commencé.

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René Bureau préparant un poisson de Miguasha

Titre : René Bureau préparant un poisson de Miguasha
Auteur : Non disponible
Sources : Parc national de Miguasha
Année : Non disponible

Description :
René Bureau dégageant un fossile d’Eusthenopteron foordi. Il a monté la première collection québécoise des fossiles de Miguasha, maintenant conservée au musée qui porte son nom à l’université Laval à Québec.

René Bureau, 1937

Titre : René Bureau, 1937
Auteur : Non disponible
Sources : Parc national de Miguasha
Année : 1937

Description :
René Bureau lors de son premier voyage à Miguasha en 1937.

René Bureau

Titre : René Bureau
Auteur : Non disponible
Sources : Parc national de Miguasha
Année : Non disponible

Description :
René Bureau a été l’instigateur du projet Miguasha, visant la protection du site.