Musée virtuel du Canada

Miguasha : De l'eau à la terre (Le parc national de Miguasha)

Une journée dévonienne

Les poissons du Dévonien vivaient des journées plutôt courtes. On sait en effet que les années dévoniennes comptaient 400 jours de près de 22 heures chacun.CylindrophyllumIcône de loupe(72 ko) Décidément, rien n’est constant sur cette Terre! En plus des continents qui se déplacent, voilà que même la vitesse de rotation de notre planète varie.

Comment est-ce possible? C’est en quelque sorte la faute de la Lune, notre compagnon céleste. Depuis sa formation, alors que la Terre n’avait que 4,2 milliards d’années (Ga), la Lune provoque des marées sur notre planète. À cause de la gravitation, les grandes masses d’eau sont attirées vers la Lune lorsqu’elles passent vis-à-vis d’elle. Comme la Terre tourne vers l’est et que les marées se déplacent vers l’ouest, ce phénomène freine imperceptiblement la rotation de notre planète: 0.0016 seconde à tous les siècles!

Notre planète aurait donc déjà tourné plus vite qu’aujourd’hui, conférant aux années des journées plus nombreuses, mais plus courtes. Si les caractéristiques de la Terre changent, les lois de la physique, elles, sont immuables. Dans un système binaire en rotation comme le système Terre-Lune, si l’un des deux compagnons perd du mouvement, l’autre doit en gagner. C’est ainsi qu’à mesure que la rotation de la Terre sur elle-même ralentit, la vitesse orbitale de la Lune augmente, ce qui la fait s’éloigner graduellement de nous. En utilisant des lasers, on a pu mesurer le taux actuel de cet éloignement: 3,8 cm par année. C’est peu, mais l’addition de centaines de millions d’années a fait qu’au Dévonien, notre satellite se trouvait à la moitié de la distance qui nous sépare aujourd’hui de lui. À cause de cela, on estime que les marées avaient une ampleur jusqu’à 7 fois plus importante que maintenant.

Ces théories physiques ont été validées par les données de la paléontologie. On sait que les coraux, actuels et fossiles, sont des animaux qui vivent à l’intérieur de petites coupoles de carbonate de calcium (CaCO3), ou calcaire, qu’ils produisent eux-mêmes. Le "squelette" corallien grandit parce que du calcaire est déposé chaque jour pendant toute la vie de l’animal. Mais cette activité cesse durant la nuit, car l’animal vit en symbiose avec des algues unicellulaires qui ont besoin de lumière pour vivre. Les couches quotidiennes sont donc discernables au microscope et permettent de compter les jours, un peu comme on compte les années sur les cernes de croissance d’un arbre.

Chez les espèces vivant en eaux tempérées, donc soumises aux variations saisonnières de température, la croissance hivernale est plus lente et les marques sont plus rapprochées. Les années sont donc faciles à distinguer dans la succession des lignes de croissance et l’étude d’un corail moderne permet de voir des "années" de 365 lignes.

Les coraux fossiles d’il y a 400 millions d’années (Ma), soit du Dévonien inférieur, ont montré des années de 400 lignes, donc de 400 jours, preuve que la Terre tournait plus vite à cette époque. Chez des coraux du Carbonifère supérieur (300 Ma), les lignes annuelles sont au nombre de 380. Les archives fossiles montrent clairement que la Terre a ralenti graduellement sa rotation au cours du temps, et ça continue...

Cylindrophyllum

Titre : Cylindrophyllum
Auteur : Parc national de Miguasha
Sources : Parc national de Miguasha
Année : 2001

Description :
Colonie du corail rugueux Cylindrophyllum, présent au début du Dévonien moyen en Gaspésie. Spécimen provenant de la Formation de Battery Point, centre de la Gaspésie.