Musée virtuel du Canada

Miguasha : De l'eau à la terre (Le parc national de Miguasha)

Les sarcoptérygiens

Les sarcoptérygiens forment, avec les actinoptérygiens, le grand groupe des poissons osseux.Latimeria chalumnaeIcône de loupe(88 ko) Les premiers se distinguent des deuxièmes par différents caractères, dont l’un des plus remarquables est la nageoire lobée. En effet, contrairement aux actinoptérygiens qui ont des nageoires supportées par de minces tiges osseuses, appelées rayons, les sarcoptérygiens ont des nageoires pectorales épaisses et charnues, reliées au tronc par un unique os, appelé humérus, et dotées de muscles qui peuvent en modifier la posture. Le nom sarcoptérygien signifie d’ailleurs nageoire de chair, provenant des mots grecs pterygon et sarx.

Les premiers représentants du groupe se distinguaient aussi par d’autres traits. Leurs mâchoires étaient puissamment musclées et leur crâne se divisait en une moitié antérieure et une moitié postérieure, toutes deux reliées par une articulation intracrânienne. Ils avaient deux nageoires dorsales, une queue épicerque et leur corps était recouvert d’une couche de cosmine, un matériau proche de la dentine. Autre innovation, leurs dents étaient recouvertes d’une matière dure, unique dans le monde animal, l’émail.

Les sarcoptérygiens sont apparus au Silurien supérieur en même temps que plusieurs groupes de poissons osseux. Ils se sont diversifiés au Dévonien et étaient même à ce moment plus importants en nombre et en formes que les actinoptérygiens.

On compte six groupes principaux de sarcoptérygiens, soit les onychodontiformes, les rhizodontes, les actinistiens, les porolépiformes, les dipneustes, ces deux derniers formant les dipnomorphes, les ostéolépiformes et les elpistostégaliens. Seuls les deux premiers groupes n’ont pas de représentants connus dans les fossiles de Miguasha.

Les sarcoptérygiens étaient des poissons relativement grands, prospérant en eaux marines, saumâtres et douces. Mais plusieurs se sont éteints durant la grande extinction de la fin du Dévonien. Les seules formes marines ayant survécu furent les actinistiens, plus communément appelés les coelacanthes. Les espèces d’eaux douces et saumâtres, comme les rhizodontes et les dipneustes, ne furent pas trop affectées par la crise.

Mais au Mésozoïque, les coelacanthes devinrent beaucoup plus nombreux dans les mers, alors que seuls quelques dipneustes persistèrent dans les environnements continentaux. De nos jours, on ne dénombre plus que huit espèces vivantes de ces sarcoptérygiens autrefois si diversifiés.

Mais cette situation est trompeuse, car les sarcoptérygiens ont quand même laissé une descendance nombreuse avec les tétrapodes. Les vertébrés terrestres, incluant l’Homme, sont en effet des sarcoptérygiens "dérivés", descendants des elpistostégaliens, un groupe dont les adaptations très spécialisées, dans un mode de vie aquatique, se sont avérées utiles pour la conquête du sol, il y a quelque 365 millions d’années. Par exemple, les os de leurs nageoires paires et la position relative de ces os peuvent être directement comparés à ceux des membres des tétrapodes, avec la présence de l’humérus, du cubitus et du radius dans la nageoire pectorale et du fémur, du tibia et du péroné dans la nageoire pelvienne.

Les eaux de l’estuaire de Miguasha étaient représentatives de la biodiversité de cette partie du Dévonien, car on n’y a trouvé qu’une espèce d’actinoptérygien, mais au moins neuf espèces de sarcoptérygiens.

Latimeria chalumnae

Titre : Nageoire pectorale du coelacanthe actuel
Auteur : Parc national de Miguasha
Sources : Parc national de Miguasha
Année : 2007

Description :
Une nageoire épaisse et charnue du coelacanthe Latimeria chalumnae, un des rares sarcoptérygiens actuels.