En 1964, monsieur René Bureau a fait à Miguasha une trouvaille surprenante, soit un fossile de scorpion terrestre.
(72 ko) Lanimal devait faire une quinzaine de centimètres de long et a été décrit comme une toute nouvelle espèce. En lhonneur de son découvreur, elle a été nommée
Petaloscorpio bureaui. Par la suite, dautres spécimens de
Petaloscorpio, certains avec des parties préservées en trois dimensions, ont été mis au jour.
Les premiers vrais scorpions sont apparus au milieu du Silurien mais étaient à ce moment des créatures aquatiques ou amphibies munies de branchies, comme leurs cousins euryptérides. Les scorpions daujourdhui vivent à lair libre et obtiennent leur oxygène par quatre paires de sacs pulmonaires, des structures internes dont les nombreux replis augmentent la surface de contact avec lair. De telles structures ont été découvertes chez des scorpions fossiles du début du Carbonifère. La conquête du sol par les scorpions était donc déjà accomplie à ce moment.
Les
Petaloscorpio de Miguasha nont pas permis de confirmer la présence des sacs pulmonaires, mais la structure de leurs pattes et la présence dun tube oral pour boire de leau suggèrent quils étaient probablement déjà terrestres, bien quil soit impossible de le confirmer. Avec le genre très proche
Hubeiscorpio, du Dévonien supérieur de Chine,
Petaloscorpio de Miguasha constitue la plus ancienne évidence de terrestrialité chez les scorpions.
Les scorpions actuels possèdent sous labdomen un organe typique intriguant, appelé peigne, qui, au ras du sol, compte plusieurs petites dents. Cette structure fragile et légère, qui aurait une fonction sensorielle, était déjà présente chez
Petaloscorpio et est visible chez certains spécimens, une autre démonstration des surprenantes capacités de conservation de cet ancien milieu.
Aujourdhui, laire de distribution mondiale des scorpions se limite aux milieux compris entre 50 degrés de latitude de part et dautre de léquateur. Si les scorpions dautrefois avaient les mêmes exigences climatiques, il nest pas surprenant den trouver à Miguasha, alors que cette partie des Appalaches était un peu au sud de léquateur. Les très nombreux micro-fragments de carapace retrouvés parmi des morceaux de plante donnent une idée de son abondance sur les rives de lestuaire dévonien.