Poissons tout petits et vivant en bancs, les
Triazeugacanthus affinis pourraient en quelque sorte être surnommés les « anchois du Dévonien ».
(24 ko) Mais ces poissons étaient des acanthodiens, et non des actinoptérygiens, comme en témoignent leurs épines.
Longs dun demi à six centimètres, toutes leurs nageoires sauf la caudale étaient munies de lépine caractéristique du groupe. La nageoire dorsale est très reculée et lanale, un peu plus vers lavant. Ils avaient des pelviennes et des pectorales et entre ces deux paires se trouvait aussi une toute petite paire dépines intermédiaires. La queue était épicerque comme tous les acanthodiens.
(116 ko)Triazeugacanthus était lespèce dacanthodiens la plus abondante du paléoestuaire. Des phénomènes encore inconnus semblent avoir provoqué des mortalités de masse, car on les trouve parfois en de grandes concentrations avec jusquà 600 individus par mètre carré dans certaines surfaces de laminites.
Cette espèce avait des écailles relativement grosses pour sa taille et on peut distinguer à travers elles la ligne latérale, lorgane sensoriel typique des poissons, qui sétire sur toute la longueur du corps. Une simple loupe permet bien souvent dapercevoir les otolithes des
Triazeugacanthus. Ces petits os, situés dans loreille interne de la majorité des poissons, sont responsables de léquilibre. Ils sont au nombre de six, soit trois dans chaque oreille, ce qui signifie que ces poissons avaient trois canaux semi-circulaires. Ils étaient donc équipés pour une bonne perception des mouvements et de leur position en trois dimensions dans lespace, comme tous les poissons bons nageurs. Ce caractère rapproche les acanthodiens des poissons osseux.
(60 ko)En 1935, le paléontologue britannique W.Graham-Smith a décrit une petite espèce énigmatique de Miguasha quil a baptisée
Scaumenella mesacanthi. Cette espèce semblait être étroitement associée de son vivant à
Triazeugacanthus, puisquon la trouve avec la même abondance dans les mêmes couches sédimentaires. Constituée seulement de quelques faibles traces carbonées, il supposa quil sagissait dun vertébré très primitif. Dautres chercheurs proposèrent dautres interprétations pour cet animal, comme des larves dostracodermes ou des prochordés, cest-à-dire des invertébrés dont la morphologie est proche de celle des vertébrés.
Cest une étude minutieuse réalisée en 1985 qui a permis de constater que les
Scaumenella nétaient en fait que de petits
Triazeugacanthus à différents stades de décomposition. Lun des indices qui a permis délucider ce mystère a été la présence dotolithes identiques. Le nom de
Scaumenella a donc été retiré, mais le terme de "scaumenellisation" est encore utilisé pour désigner toute dégradation de ce type chez les poissons de Miguasha.