Les eaux du Dévonien cachaient des monstres. Et pas seulement chez les vertébrés.
(64 ko) Des invertébrés arthropodes ont atteint des tailles gigantesques. Imaginons un scorpion aquatique qui dépasse les deux mètres de long!
En fait, le groupe des euryptérides, assez commun pendant la presque totalité du Paléozoïque, comprenait des espèces qui, règle générale, faisaient moins de 20 cm. Mais quelques espèces ont atteint des tailles démesurées. Les formes variaient selon les espèces, mais toutes avaient une grosse tête dotée de grands yeux, ainsi que six paires dappendices articulés. La première paire, appelée chélicères, était souvent spécialisée dans la capture de proies et la trituration des aliments. Les quatre suivantes servaient de pattes pour marcher sur les fonds et la dernière, en forme de pagaie, permettait la nage active.
Larrière du corps était segmenté en plusieurs sections qui se terminaient en une queue plus ou moins fine, le telson. Ces animaux ressemblaient un peu aux scorpions terrestres, mais aussi, à certains égards, aux limules marins.
Les sédiments de la Formation dEscuminac ont livré quelques rares fragments deuryptérides. Les mieux conservés sont des morceaux de la sixième paire dappendices, ceux qui servaient peut-être à la nage. Leur examen a révélé une forte ressemblance avec le genre
Pterygotus, le plus grand de tous les euryptérides, qui dépassait les deux mètres. Il sagissait en fait du plus grand arthropode de tous les temps.
À Miguasha, la rareté des fossiles deuryptérides, leur aspect très fragmentaire et le fait quon les retrouve avec des débris de plantes très morcelés, laissent supposer quils ont été transportés sur certaines distances à partir des berges avant dêtre recouverts de sédiments.
Ce groupe danimaux préférait les eaux saumâtres des environnements deltaïques, estuariens et littoraux, avec quelques membres inféodés aux milieux franchement marins. La trace dun euryptéride géant dau moins un mètre, marchant sous une mince couche deau, a été décrite dans le Dévonien inférieur du nord de la Baie de Gaspé. En Écosse, ont été découvertes des traces montrant quun gros euryptéride de 1,6 mètre de long par un mètre de large avait marché sur le sol au début du Carbonifère. Sa queue, laissant une traînée centrale, nétait pas supportée par leau. Si ces animaux étaient capables de survivre au moins quelques temps à lair libre, cest peut-être là un argument en faveur dune ascendance euryptéride pour les scorpions terrestres, mais, pour plusieurs chercheurs, leur ressemblance superficielle nest que le fruit de convergences évolutives.